Le devoir d’ingratitude : Le sel qui manque à la sauce de la démocratie africaine

Introduction : La leçon de Badinter sur le sens de la fonction publique Lorsque François Mitterrand nomma Robert Badinter à la présidence du Conseil constitutionnel en 1986, ce dernier exprima sa gratitude mais ajouta une phrase marquante : « Dorénavant, j’ai un devoir d’ingratitude envers vous. » Par ces mots, Badinter ne cherchait pas à dénigrer Mitterrand, mais à rappeler un principe essentiel de la démocratie : être nommé par le président ne signifie pas être à son service personnel. Cela signifie plutôt être au service de la République et de ses valeurs. Dans un État de droit, la reconnaissance et la loyauté doivent être dirigées non pas vers une personne, mais vers les principes mêmes de la République. Cette affirmation souligne une exigence fondamentale dans l’exercice des fonctions publiques : l’indépendance vis-à-vis de celui qui accorde le pouvoir. L’acte de servir la République suppose parfois de défier les attentes personnelles, même de ceux qui ont ouvert les portes d’une ...