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Les Démocrates, un parti neuf dans un costume ancien

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Dans le paysage politique béninois,  Les Démocrates  se présentent comme la principale force d’opposition. Jeune formation née dans un contexte de reconfiguration du champ politique national, elle incarne aux yeux de nombreux citoyens l’espoir d’une alternance démocratique. Mais derrière cette posture prometteuse se cache une contradiction fondamentale :  le parti repose largement sur la figure d’un ancien chef d’État , Boni Yayi, dont le passé  hante autant qu’il structure  son avenir. ⸻ Un socle historique, un levier d’influence On ne peut nier l’impact politique de Boni Yayi. Deux fois élu président de la République, figure connue du grand public, porté par une forte assise populaire dans le Nord du pays,  il incarne une part significative de l’histoire démocratique du Bénin . Son retour en politique en tant que  président du parti Les Démocrates  a apporté à cette jeune formation  visibilité, légitimité et poids électoral . Pour un parti ...

Le Syndrome du Bourreau Rescapé : De Kigali à Tel-Aviv, la tragédie des anciens opprimés devenus oppresseurs

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L’histoire n’est pas linéaire. Elle est un cycle où les rôles se renversent, où les victimes d’hier deviennent parfois les bourreaux d’aujourd’hui. Ce phénomène, que j’appelle le Syndrome du Bourreau Rescapé, est visible dans deux des plus grands drames de notre époque : l’attitude du Rwanda envers la République Démocratique du Congo et celle d’Israël envers la Palestine. Deux nations qui ont connu l’horreur : • Le Rwanda, marqué à jamais par le génocide des Tutsi en 1994, où près d’un million de personnes ont été massacrées en quelques mois. • Israël, né des cendres de la Shoah, qui a vu six millions des siens exterminés par le régime nazi. Deux peuples qui ont juré “ Plus jamais ça ”. Deux États qui, au nom de cette promesse, ont basculé dans une politique de domination et d’agression, appliquant aux autres des méthodes qu’ils avaient eux-mêmes subies. Le Rwanda et le M23 : Un Génocide, Une Invasion Depuis la fin du génocide de 1994, le régime de Paul Kagame a fait de la sécu...

Le devoir d’ingratitude : Le sel qui manque à la sauce de la démocratie africaine

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Introduction : La leçon de Badinter sur le sens de la fonction publique Lorsque François Mitterrand nomma Robert Badinter à la présidence du Conseil constitutionnel en 1986, ce dernier exprima sa gratitude mais ajouta une phrase marquante : « Dorénavant, j’ai un devoir d’ingratitude envers vous. » Par ces mots, Badinter ne cherchait pas à dénigrer Mitterrand, mais à rappeler un principe essentiel de la démocratie : être nommé par le président ne signifie pas être à son service personnel. Cela signifie plutôt être au service de la République et de ses valeurs. Dans un État de droit, la reconnaissance et la loyauté doivent être dirigées non pas vers une personne, mais vers les principes mêmes de la République. Cette affirmation souligne une exigence fondamentale dans l’exercice des fonctions publiques : l’indépendance vis-à-vis de celui qui accorde le pouvoir. L’acte de servir la République suppose parfois de défier les attentes personnelles, même de ceux qui ont ouvert les portes d’une ...