Mon avis sur l’escalade actuelle entre la FECAFOOT de Samuel Eto'o et le Ministère des Sports du Cameroun




Au départ, comme beaucoup, j'avais pris position pour Eto'o. En tant que fan, je pensais qu'il était victime d'un complot gouvernemental. Cependant, quand j'ai écouté le professeur Cyrille Tollo, conseiller du ministre des Sports, s'exprimer sur une chaîne nationale camerounaise, j'ai pu comprendre beaucoup de choses.

Il est avant tout utile de rappeler que Monsieur Samuel Eto'o est à la tête de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) depuis 2021. En trois ans, en quoi le football camerounais a-t-il progressé ? Quel club camerounais s'est distingué dans la Ligue des champions africaine ? Quel a été le parcours des Lions indomptables dans les compétitions internationales, toutes catégories confondues ?

Pendant trois ans, les camerounais l’ont laissé faire, et nous avons tous vu son incapacité à bien gérer. Sous sa direction, le football camerounais a connu sa période la plus sombre de ces vingt dernières années, accumulant scandales et controverses. Lui-même a été cité dans des affaires de soupçons de matchs truqués. Pour couronner le tout, il y a l’histoire de Nathan Douala, un joueur qui aurait en réalité 23 ans mais qui a participé à la CAN en se faisant passer pour un joueur de 17 ans.

Avant la Coupe du monde 2022, nous avons tous été témoins d'Eto'o s'autorisant à pénétrer dans les vestiaires des joueurs, les menaçant ouvertement de les écarter de la prochaine Coupe du monde s’ils ne changeaient pas de comportement. En somme, Eto'o a fait comprendre clairement que ce n’était pas Rigobert Song le sélectionneur, mais lui, le président de la Fédération, qui jouait ce rôle. Des anciens joueurs comme Mohamadou Idrissou se sont insurgés contre cette ingérence, ce qu'Eto'o footballeur n’aurait jamais toléré de la part d'un président de la Fédération lorsqu’il était encore en activité.

Durant la Coupe du monde, nous avons tous assisté à la débâcle du Cameroun, entachée de polémiques et de scandales, notamment entre André Onana et Rigobert Song, qui ont failli en venir aux mains.

Après la Coupe du monde, le Cameroun s’est difficilement qualifié pour la CAN 2023, obtenant sa place lors de la dernière journée des qualifications, une performance indigne de l'histoire du football camerounais.

À la CAN, le Cameroun a accumulé les contre-performances, se qualifiant miraculeusement contre la Gambie avant d'être éliminé lamentablement en huitièmes de finale.

Suite à cet échec, Eto'o a décidé de limoger son sélectionneur et ami Rigobert Song. Jusqu'à présent, le ministre des Sports avait laissé Eto'o libre de ses décisions.

Cependant, lors du choix du nouveau sélectionneur, Eto'o a proposé une liste de trois potentiels candidats : Fabio Cannavaro, Hervé Renard et José Peseiro, l’ancien sélectionneur du Nigeria. Tous ces noms sont prestigieux et accompagnés de salaires mirobolants.

Je rappelle qu’en Afrique, contrairement aux pays occidentaux, c’est l’État qui rémunère les sélectionneurs, car les fédérations n’ont pas les moyens financiers de le faire.

En tenant compte des instructions du président Paul Biya dans son allocution du début d’année concernant les dépenses conséquentes dans le football et les résultats non satisfaisants, le ministre a jugé bon d’ouvrir une autre liste d’appel à candidatures.

Parmi ces candidats, Marc Brys présente une prétention salariale bien inférieure. Alors que les candidats proposés par Eto'o demandent des salaires de plusieurs millions d’euros, Marc Brys se contente d’un salaire inférieur à 500 000 euros par an. Le ministre a jugé cette proposition plus en adéquation avec les réalités économiques du pays.

Il est donc surprenant de constater le tapage médiatique orchestré par Eto'o, alors qu'il est évident que le pays traverse une crise économique sans précédent et que le ministère est en droit de choisir un sélectionneur en fonction de son budget.

Les textes sont clairs.

Je suis un fervent admirateur de Samuel Eto’o le footballeur, incontestablement le plus grand joueur de l’histoire du football africain. Cependant, en tant que dirigeant, Eto’o est, selon moi, un piètre gestionnaire.



                                                 Rédacteur: Todema WOWO 

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