Repenser la CEDEAO : Vers une Implication Directe des Populations
L'alliance des États du Sahel (AES) est devenue une réalité avec sa création officielle le 1er juillet 2024, marquant un tournant significatif dans la coopération régionale en Afrique.
L'AES émerge donc comme une réponse aux défis persistants et à l'insatisfaction envers la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Cependant, il est crucial de reconnaître que l'AES elle-même n'est pas exempte de défauts. En effet, elle présente les mêmes lacunes que la CEDEAO, notamment une concentration du pouvoir entre les mains de l'exécutif et une insuffisante implication directe des populations dans le processus décisionnel.
L'histoire de la CEDEAO est marquée par une concentration du pouvoir entre les mains de l'exécutif, souvent au détriment d'une participation démocratique pleine et entière des populations. Cette approche a conduit à un sentiment de déconnexion croissante entre les dirigeants régionaux et les aspirations réelles des citoyens.
Pour véritablement adresser ces lacunes et restaurer la confiance, la CEDEAO doit sérieusement envisager d'intégrer une participation directe des populations dans ses processus décisionnels. À l'instar de l'Union européenne, où les citoyens élisent directement leurs représentants au Parlement européen, une réforme similaire pourrait renforcer la légitimité et l'efficacité de la CEDEAO.
Les récentes élections européennes ont démontré que cette approche non seulement diversifie la représentation mais aussi enrichit le débat politique en intégrant une pluralité d'opinions. En permettant aux citoyens de choisir leurs représentants régionaux tout en maintenant leur souveraineté nationale, l'Afrique pourrait suivre un chemin similaire vers une gouvernance plus démocratique et inclusive.
Si la CEDEAO parvient à corriger ses erreurs et à démocratiser ses structures, elle n'aura même pas besoin de faire les yeux doux aux régimes autoritaires de l'AES. Les populations elles-mêmes mettront la pression pour que leurs pays rejoignent la CEDEAO, attirées par une organisation véritablement représentative et légitime.
En conclusion, l'essor de l'Alliance des États du Sahel met en lumière les failles de la CEDEAO et souligne la nécessité d'une réforme institutionnelle profonde. En embrassant une démocratisation véritable et en intégrant pleinement les voix des populations, la CEDEAO pourrait non seulement rectifier ses erreurs passées mais aussi se positionner comme un moteur de progrès et de stabilité pour l'ensemble du continent africain. Seule une véritable démocratisation peut garantir la stabilité et la légitimité nécessaires pour répondre efficacement aux défis auxquels l'Afrique est confrontée.
Todema WOWO
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